Smad est pour ainsi dire né dans une antique bibliothèque, entre un poussiéreux Voltaire aux fines feuilles qui tenait l’étagère et un Frank Herbert flambant neuf, abandonné là par mégarde. Entendons-nous, « né », pas « venu au monde ». Pour l’origine biologique, le mystère demeure. Cependant, d’après le déchiffrage des lignes de sa voûte plantaire par une bohémienne borgne, l’on attribuera à une étourderie de sycophante sa découverte : il serait l’illégitime progéniture d’une illustre lettrée qui tînt à la sauvegarde de son intégrité lorsque son exotique et passionnel amour pour l’espion qui l’aimait en retour porta ses fruits. Douloureusement abandonné par la belle, retrouvé par le beau, il voyagea ainsi sous couvert – en vérité, un imperméable, et de fort belle facture - jusqu’à ce qu’à l’occasion d’une halte biblique, le géniteur, poursuivi par les foudres de son ancienne amante, et qui tentait là pourtant une ultime manœuvre d’échappée, fût captivé par l’audacieux et maintenant si véridique ‘1984’. Le bougre en oublia sa progéniture sur le chaotique rayon de cette obscure librairie de province ; lorsque les esprits lui revinrent, ses poursuiveurs l’avaient pris dans leur filet et il devait avoir maille à partir avec la justice. Pour son malheur, et notre bonheur, le rejeton, que ni l’un ni l’autre des deux camps ne tenait à voir exhibé au grand jour, symbolique témoignage des embrouillaminis des grands de ce monde, fût confié à la garde du conservateur des lieux. Il devait grandir sur les étagères poudrées de passé, parmi les volumes, antiques comme modernes, que son bienfaiteur jamais ne triait – pire ! il les laissait s’organiser selon leur bon vouloir, en hétéroclites armées, car il croyait, heureux homme, à la vie des livres.

C’est ainsi que sur le seuil de son existence, Smad avait déjà en poche la clef d’une vocation ; Camus, Céline, Simmons, Eco, Nothomb, Sollers, des plus grands aux plus petits, des plus longs au plus courts, ils lui vinrent constituer un véritable stock, que diable ! une véritable pléiade ! qui mangeait son temps si elle le nourrissait. Il apprit à lire, avant de marcher, au demeurant, sur les tranches de ses compères, au hasard des pérégrinations du bibliothécaire, qui le déposait, ici sur un coin de table, là sur un bout d’armoire, là encore en haut de l’escabeau, avec la même rationalité qu’il organisait son mystique trésor. Gallimard lui fut synonyme d’enthousiaste exclamation ; Hachette de rhume. Robert Laffont lui tint lieu d’oncle d’Amérique, P.O.L de grand-père ; plus tard, Acte Sud de professeur d’histoire. Mûri par les mots, soignés de ses maux - par la lecture - affranchi par la langue, il ne devait pas chercher midi à quatorze heures bien longtemps ; de la feuille que l’on tient au stylo que l’on étreint il n’y a qu’un pas, qu’il franchit tout naturellement. Mais dans l’ombre de ces géants qui l’avaient fait, il ne garda d’abord que pour lui ses effets. Le bonheur d’écrire avant celui d’être lu - l’ivresse de l’égoïste rédaction.

Aujourd’hui il abandonne sa retenue, pour nous venir communiquer sa flamme. Ah ! rions ! pleurons ! mais lisons-nous donc ce qu’il à dire ; il a eu tant de bonheur à l’écrire…

Smad aime la bizarrerie ; celle que l’on imagine frileusement ; celle que l’on constate avec ahurissement ; celle que l’on n’ose pas même penser, ou qui nous arrache des secousses d’enthousiasme. Il puise modestement son inspiration dans le monde, théâtre perpétuel de nos représentations les plus torves. S’il se met lui-même en scène, c’est pour mieux creuser la manne. S’il brode de tous fils sa créativité, c’est pour mieux s’évader. Prêter-lui les yeux, il vous intriguera, sans doute.

Les textes

Quelques (modestes) dessins


Dans une autre veine, les récits de voyages

L’auteur est originaire de Normandie, d’une maman bibliothécaire et d’un papa féru de sports. Si ces derniers ne l’ont séduit que tard pour être maintenant partie intégrante de son mode de vie, la lecture, elle, lui est venue très tôt et ne l’a jamais quitté ; le matin, il le fallait sortir du lit où il dévorait le bouquin de la semaine, choisi et apporté par maman, depuis l’aube ; il s’habillait pour aller à l’école sans détacher les yeux du roman -  maudissant le délicat passage du col qui le privait ne serait-ce qu’un instant de son plaisir - et il s’y replongeait bien vite le soir venu, faisant fi des télés, vidéos, jeux et autres distractions hautes en couleurs.

Il a effectué presque par hasard des études en ingénierie informatique alors qu’il se destinait à une faculté des métiers du livre – où il était d’ailleurs accepté et pré-inscrit. Il a ensuite usé de son CV pour voir un (tout petit) peu de ce monde tout en travaillant. Il a lu l’allemand et l’anglais, les a aimés, sans jamais renier la beauté suprême de sa langue natale.

Il n’a jamais cessé de lire, parfois d’écrire, mais jamais pour bien longtemps. En vérité, les mots l’obsèdent : il déchiffre les étiquettes des paquets de céréales et des bouteilles d’eau minérale, gribouille sur des post-it, des feuilles volantes, sur un calepin qui jamais ne le quitte – messages, pensées, humour, idées… - lit les notices des médicaments et les ingrédients des boîtes de conserve, les publicités sur les magazines, les recettes au dos des emballages… il ne sait prendre le train sans y ouvrir son portable et y pianoter quelque nouvelle, et il se perd dans la rédaction de mail au long cours.

Smad, on l’aura compris, est la manifestation de cette dévorante passion. C’est le masque derrière lequel il ose assumer ses créations, mais ce n’est pas que cela ; c’est toute une mascarade, une fiction qui l’accompagne et l’encourage surtout, le pousse et lui permet tout à la fois d’écrire, écrire, écrire… une secrète partie de lui-même, enfin, qui vibre au bruit de la page que l’on tourne et de la reliure que l’on malmène.

Smad sera ravi de vous entretenir de tout et de rien !

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